A la conquête de la Camerise Lonicera cearulea au Québec
Lorsque l’on parle de développement de nouvelles productions fruitières, le Québec fait souvent figure d’exemple. Je suis parti sur les terres Canadiennes pendant 8 jours pour découvrir producteurs, transformateurs, pépiniéristes et échanger sur ces nouvelles baies qui se développent de plus en plus la bas : Focus sur la camerise.
Camerise ? What's that ?
A l’heure où j’écris ce post, le mot de camerise n’évoque pour ainsi dire rien en France et pour cause, il a été inventé de toute pièce par nos amis Quebecois. De ce que j’ai appris, un groupe de producteur Québecois, en route vers l’université de Saskatchewan, échangeaient sur le nom qu’ils pourraient donner à cette « nouvelle » baie. La discussion – parait-il très animée – fait apparaître le nom de camerise comme étant le plus évocateur des saveurs si particulières de la précieuse baie. Facile à retenir, une consonance de cerise pour plaire aux plus gourmands, c’est adopté !
Saguenay, la plus grande production de camerise
La plus grande région de plantation de camerise au Québec est certainement la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, une zone entourée de massifs montagneux et ceinturé par des terres agricoles fertiles. En 2013 au Québec, le nombre de plants de camerise est passé de 260000 à 460000 et on considérait que le tiers était situé au Saguenay-Lac-Saint-Jean
Cette concentration est certainement liée à la dynamique mis en place avec le MAPAQ (Ministère de l’agriculture, de la Pêcherie et de l’Alimentation du Québec. En effet, la proximité avec les producteurs et l’implication de tous a permis de structurer une filière forte autour de cette nouvelle production. Pour favoriser l’installation de producteur, une coopérative offre ses service pour gérer la récolte des précieuses baies bleues, une société privée spécialisée permet la congélation et le stockage et enfin, les prix de vente sont négociés par un seul interlocuteur pour l’export. Notamment pour le Japon.
Des producteurs pas comme les autres
Le profil des producteurs n’est évidement pas le même qu’en France, ici, les terres agricoles ne sont pas un frein au développement… Enfin seulement si vous êtes en mesure de défricher quelques hectares de forêt ! En discutant avec plusieurs d’entre eux, je me rends assez vite compte qu’ils se sont lancés dans l’aventure par opportunisme. La filière étant plutôt bien structurée, beaucoup de producteurs voient dans la culture de la camerise un « business » très lucratif qui demande au final assez peu de risques et d’investissement. La plantation, la récolte, le stockage et la vente des baies est dans la grande majorité externalisée, seul l’acquisition et l’entretien des plants sont à la charge des propriétaires.
C'est bon ?
Début septembre, difficile pour moi de trouver quelques baies de camerise à goûter… j’ai toutefois fini par trouver un producteur qui avait quelques barquettes de Tundra au congélateur… De quoi agrémenter les trajets en voiture sur les belles routes de la région. J’ai mes toutes premières baies de camerise en bouche et je dois bien dire que c’est plutôt bon. Plus qu’à importer ca en France… Enfin ca c’est une autre histoire…
Beaucoup d'attentes chez les producteurs
Les parcelles sont composées principalement des variété Boréalis, tundra, indigo complétées par la variété pollinisatrice: honneybee. Cette dernière est plantée en mélange avec les autres variétés pour permettre une pollinisation de qualité. Le fruit étant de moins bonne qualité, les producteurs attendent beaucoup des nouvelles variétés pour ne plus avoir à croiser différentes variétés sur une même ligne.
La culture de la camerise au Québec n’est pas un artifice et le travail réalisé par l’équipe du Pr Bob Bors de l’université de Saskatchewan est tout à fait remarquable. L’offre variétale s’étoffe chaque année avec des sélections toujours plus adaptées aux contraintes des producteurs et aux attentes consommateurs. Une nouvelle variété : Aurora est prévue à la vente en 2014. Elle est présentée comme révolutionnaire ! Le port est parfaitement érigé et les baies sont de gros calibre et très aromatiques. Beaucoup de producteurs réservent à l’avance leurs plants pour être certain de pouvoir bénéficier de cette nouveauté. La spéculation sur la baie de camerise ne fait que commencer. Dans quelques années, il ne fait pas de doute que l’Europe connaîtra le même appétit !
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Lionel EHRHART